Enjeux

    Les enjeux ne sont pas confinés à leurs seuls champs d’exercices. En fait, les enjeux sont plutôt transversaux, ce qui signifit que les différents enjeux impliquent ou comprennent des éléments des autres enjeux.  On peut prendre par exemple le coût du maintien ou du retrait du registre des armes à feu se retrouve dans l’enjeu économique, mais vient aussi supporter l’enjeu politique puisque les différents partis politiques utilisent ces chiffres pour bâtir et maintenir leur pouvoir et leur légitimité auprès de la population. Les différents groupes de pression tentent aussi de bâtir leur légitimité face à l’opinion publique à l’aide des chiffres économiques qui sont rattachés au registre des armes à feu. Un autre exemple peut être le côté social qui vient supporter encore une fois l’enjeu politique, la légitimité et le pouvoir des acteurs de la controverse. Cependant, troisenjeux majeurs peuvent être observés :

  • Enjeu Économique
  • Enjeu Social
  • Enjeu Politique

Enjeu économique

    Il est bien sûr que de créer et entretenir un registre de l’envergure de celui des armes à feu au Canada n’est pas gratuit. Il entraîne plusieurs coûts. Au départ, le gouvernement libéral de Jean Chrétien avait estimé ces coûts aux alentours de 85 millions de dollars. Par contre, ces frais seraient revus à la baisse par les frais encourus par les particuliers pour l’enregistrement des armes, réduisant à 2 millions de dollars les frais d’exploitation annuelle du registre. Pour plusieurs, ces coûts ne sont que très minimes par rapport à la valeur d’une vie, tel que la Coalition pour le contrôle des Armes met de l’avant dans leurs revendications. Un simple exemple de ce fait est lié aux frais encourus par une enquête pour meurtre qui s’élèvent à 500 000$ par enquête. La moindre réduction des événements avec blessures ou décès par armes à feu entraîne donc des réductions substantielles des coûts, selon la Coalition, la GRC et les associations de policiers et de chef de police.

    Lors de son retrait en 2012, c’est le gouvernement conservateur de Stephen Harper qui était au pouvoir. La principale raison sur laquelle ils se sont basés pour légitimer leur action de retirer le registre sur les armes à feu est de base économique. Somme toute, pour plusieurs raisons, dont des poursuites en justice de la part des provinces, des problèmes informatiques et un manque de planification, les coûts totaux encourus par la mise en place du registre atteignent 2 milliards de dollars pour 10 ans d’activité, ce qui représente un montant 1000 fois plus élevé que prévu par les libéraux de Jean Chrétien en 1995. L’élimination du registre entraîne toutefois des coûts aussi. La GRC estime que le retrait du registre ne permettrait qu’une économie de 2 à 4 millions de dollars par année. De plus, lors de son annonce en 2012 du retrait du registre, le gouvernement conservateur avait fait grimper les frais d’exploitation du registre depuis 2006, année où il débuta l’amnistie pour les propriétaires d’armes qui n’avaient pas renouvelé leur permis ou leur enregistrement. En agissant de la sorte, les coûts d’exploitation ont atteint 90,7 millions de dollars puisque les conservateurs renonçaient à une recette de 22,2 millions de dollars liés aux frais d’enregistrement, selon la GRC.

Enjeu social

    Lors de son instauration en 1995, c’est le gouvernement libéral de Jean Chrétien qui était au pouvoir. Leur principal argument pour justifier leur décision d’instaurer le registre des armes à feu au Canada était la sécurité publique, qui fut appuyée par la Cour suprême du Canada lors du jugement rendu dans la cause opposant la province de l’Alberta au gouvernement fédéral. La Cour suprême du Canada jugea que la sécurité publique surpassait le droit de contrôle des provinces face à la règlementation des armes à feu. C’est donc suite à de fortes pressions de groupes tels que la Coalition pour le Contrôle des Armes, des associations de victimes et autres qui suivirent la tuerie de la Polytechnique, le gouvernement décida de réagir en instaurant ce nouveau système de contrôle des armes à feu. Les groupes de pression exigeaient un meilleur contrôle des armes pour réduire les chances de récidive d’incidents semblable à la Polytechnique et de réduire les agressions armées et violence conjugale impliquant des armes à feu au Canada. Depuis 1995, une réduction constante des incidents impliquant des armes à feu s’est produite au Canada, donnant raison à l’action du gouvernement.

    De l’autre côté, lors de son retrait en 2012, le gouvernement conservateur de Stephen Harpeur, qui était au pouvoir à ce moment, militait que le registre traitait les chasseurs et les fermiers comme des criminels en les listant dans un registre. L’opinion publique des provinces de l’Ouest supportait grandement le retrait du registre, ce qui donna un pouvoir et une légitimité aux actions du gouvernement. L’association canadienne pour les armes à feu regroupe un nombre important de propriétaires d’armes canadiens qui appuient le gouvernement conservateur dans ses actions de retrait du registre pour les armes à feu. Leurs revendications auprès du gouvernement concernent une meilleure réponse des gouvernements aux besoins des propriétaires d’armes tout en s’assurant la sécurité des Canadiens.

Enjeu politique

    L’enjeu politique est très important dans la controverse sur la législation des armes à feu puisqu’en fin de compte, l’acteur qui est en position de décider est le gouvernement en soi. Les acteurs majeurs de la controverse, soit la Coalition pour le contrôle des armes à feu et l’Association canadienne pour les armes à feu, tentent donc par le biais de leur discours et de leurs membres d’influencer l’opinion publique dans le but de renforcer ou d’atténuer le pouvoir et la légitimité du parti politique qui soutient leur croisade. Les gouvernements savent très bien que c’est l’opinion publique qui leur permet de demeurer au pouvoir, ou de passer de l’opposition à la position de pouvoir. Le but des associations est donc d’influencer les décisions gouvernementales sur le sujet des armes à feu en influençant sur l’opinion publique.   Au cours du temps, les discours gouvernementaux ont changé selon les idéaux politiques des partis au pouvoir, mais aussi des événements de l’actualité. Le but de chacun est bien sur la recherche de légitimité auprès du grand public et le respect de leurs idéaux. Lors de l’instauration du registre des armes à feu au Canada, les libéraux de Jean Chrétien étaient au pouvoir. Répondant aux pressions des groupes en faveur du Registre des armes à feu, suite à la tuerie de la Polytechnique, le gouvernement prend une avenue qui mène à la défense de la sécurité publique. Lors de son retrait, le gouvernement conservateur de Stephen Harper était au pouvoir et répondait lui aussi à des pressions populaires, principalement des provinces de l’Ouest, pour la liberté individuelle et que les gens ne soient plus traités comme des criminels parce qu’ils détenaient une arme à feu.

    Les différents groupes de pression en faveur du registre des armes à feu gagnent de la légitimité avec leur discours, principalement émotif, lorsque des événements similaires à la tuerie de Polytechnique surviennent. Ces événements remémorent de douloureux souvenirs dans la mémoire des gens et donnent une légitimité accrue aux arguments en faveur du contrôle des armes à feu.

    À l’opposé lorsque peu d’incidents incluant des armes à feu surviennent, les arguments contre le contrôle des armes à feu tendent à prendre de la force et de la légitimité auprès de l’opinion publique. Ces arguments concernent généralement la liberté et la tradition.