Stratégies

29/03/2014 20:10

Le concept d’influence

    L’intentionnalité décrite par Herbert A. Simon, dans son oeuvre "Administration et Processus de Décision" nous permet de saisir les objectifs et donc l’ensemble des comportements intégrés à la réalisation de ces derniers. Mais l'auteur nous prévient : la réalisation d’une action collective passe par la coordination de l'ensemble des membres du groupe. Dès lors, comment l'organisation parvient-elle à orienter les actes de ses membres vers la réalisation de l'objectif final préalablement fixé? La réponse à cette question réside dans ce que le sociologue américain a appelé l’ « influence ». Cette section vise alors à étudier l'ensemble des mécanismes observables qui permettent aux organisations de coordonner leurs actions en vue d'une réalisation rapide et efficace de l'objectif final visé. Notre étude s'effectuera au sein des deux acteurs majeurs et centraux de la controverse qui entoure la question du contrôle des armes à feu au Canada.

Association Canadienne pour les Armes à Feu (ACAF)

Le partage des responsabilités

     La division des responsabilités au sein de l’Association Canadienne pour les Armes à Feu (ACAF) semble s’effectuer autour de deux niveaux majeurs : d’une part la direction de l'ACAF (équipe de décisions), et d’autre part, les citoyens canadiens membres de l'ACAF (équipe d’exécution). Mais comment l'organisation parvient-elle à orienter les actes de ses membres vers son objectif d'assouplissement de la législation qui entoure le contrôle des armes au Canada? Cette coordination des tâches est rendue possible par la mise en place de mécanismes d'influences capables de faire le lien entre l'équipe décisionnelle et l'équipe exécutante.

Les mécanismes d'influence

    Si l’organisation semble ne pas pouvoir utiliser le mécanisme d’ « autorité » (les membres sont des affiliés volontaires et basculeraient très rapidement dans une zone de désobéissance, ou de désaccord, s’ils venaient à agir sans approbation personnelle), l’association canadienne peut guider les actes de ses affiliés grâce à des mécanismes d'influence.

  • Le mécanisme de « conseils et d’informations »

    À l'image de sa sœur américaine (NRA), l'organisation "pro-arme" a mis au point un système d’évaluation des partis, des candidats et des organisations en prévision des élections fédérales 2011. Basée sur les actions passées et les commentaires énoncés, une lettre (de A à F) est attribuée aux différents partis et candidats en fonction de leur position favorable/défavorable face à la libre circulation des armes à feu. Les critères sont indiqués comme suit :

  • A : Accepte d’abroger la Loi sur les Armes à Feu, incluant C-68 et C-17, pour les remplacer par une loi qui ne brime pas les droits des propriétaires légitimes d’armes à feu d’en posséder, de les utiliser, de les acheter et de les vendre. Pour mériter un ‘A’ le parti ou l’organisation devra reconnaitre le droit d’utiliser une arme à feu à des fins défensives. Il faudra accepter d’abroger les décrets qui affectent la jouissance, l’utilisation et la cession d’armes à feu et autres items connexes. Il faudra accepter d’appuyer les intérêts Canadiens plutôt que les initiatives internationales de contrôle des armes à feu telles que celles proposées par les Nations Unies.
  • B : Pour obtenir un ‘B’ un parti ou une organisation approuve d’abroger certaines parties des lois sur les armes à feu au profit de leurs propriétaires mais ne sont pas prêts à faire les changements majeurs qui sont décrits pour obtenir un ‘A’. Les ‘B’ appuient les propriétaires d’armes à feu et leurs inquiétudes et l’ont démontré par des gestes concrets.
  • C : La note ‘C’ sera donnée à ceux qui encouragent certains groupes de propriétaires d’armes à feu au détriment des autres. Enlever la nécessité d’enregistrer certains types d’armes versus d’autres tout en négligeant les besoins des propriétaires d’armes à feu en général en est un exemple.
  • D : Ne connaissent pas les enjeux en rapport avec les armes à feu ou ne démontrent aucun désir d’en devenir mieux informés. Les ‘D’ préfèrent le statu quo.
  • F : Préconisent généralement des contrôles supplémentaires sur les droits et libertés des propriétaires d’armes à feu. Les ‘F’ veulent bannir certains types d’armes ou accessoires et refusent d’être informés sur des sujets qui touchent les armes à feu.

En 2011, les différents partis en lisse lors de l'élection fédérale ont été noté ainsi :

    De même, chaque candidat s'est vu attribuer une note en fonction de sa position face au contrôle des armes à feu an Canada. (Voir "Voter's Guide")

  Sans imposer une décision, cette diffusion d’informations tend alors à influencer le vote des membres favorisant alors un peu plus un assouplissement législatif quant à la réglementation des armes à feu au Canada.

Notons que de nombreuses autres ressources sont mises à disposition des membres de l'Association : Ressources.

  • Le mécanisme de « Formation »

    Ce mécanisme tend à façonner les comportements des membres vers le but ultime de l’organisation. Tout comme l'association américaine NRA, l'ACAF met à disposition sur son site internet une rubrique, intitulée "Carte postale ACAF", et destinée à former chaque membre sur la communication à adopter avec les législateurs. On peut ainsi y retrouver un « courriel-type » prêt à être envoyé au personnel politique et à disposition de tous les membres de l'Association. Efficace, le site internet indique qu'il faut "seulement imprimer cette lettre, la signer, plier les lignes en pointillées, fermer et envoyer".

  • Le mécanisme de « loyauté envers l’organisation »

    Unis atours des valeurs défendues, les membres de l'Association Canadienne pour les Armes à Feu éprouvent une certaine loyauté face à cette organisation qui défend les mêmes convictions. Dès lors, ne pas adopter un comportement « correct » (en adéquation avec le but final de l'ACAF) reviendrait à aller, pour un membre de l’association, à l’encontre d'une de ses valeurs.

 

La Coalition pour le Contrôle des Armes à Feu

Le partage des responsabilités

     Tout comme son principal rival, la Coalition pour le Contrôle des Armes à Feu semble être organisée autour de deux niveaux majeurs : d’une part l'équipe décisionnelle, et d’autre part, les citoyens et organisations périphériques membres de l'association (équipe d’exécution). Comment la coalition parvient-elle à orienter les actes de ses nombreux acteurs en vue d'un durcissement de la législation qui entoure les armes au Canada? À l'image de certains mécanismes vus précédemment, nous retrouvons des liens entre l'équipe décisionnelle et l'équipe exécutante.

Les mécanismes d'influence

    Comme vue précédemment, la coalition ne peut utiliser le mécanisme d’ « autorité ». En effet, les membres individuels et les organisations volontairement rattachées sont des affiliés qui basculeraient très rapidement dans une zone de désobéissance, ou de désaccord, s’ils venaient à agir sans approbation personnelle. Dès lors, l’association "anti-armes" se doit de guider les actes de ses membres grâce, notamment, à des mécanismes d'influence.

  • Le mécanisme de « conseils et d’informations »

    S'il ne semble pas exister de système de notation des élus, la Coalition met à disposition de ses membres et du grand public un vaste réservoir d'informations et de conseils. Un processus d'action est par exemple mis à disposition des visiteurs du site internet afin de favoriser leur implication au sein de l'association. Ce dernier comporte 6 étapes principales :

*** Ceci est une copie d'une partie du Site Internet de la Coalition : ICI ***

 

1. Écrivez une lettre, téléphonez ou envoyez un courriel à votre député(e) fédéral(e), aux chefs de parti, le ministre de la Sécurité publique et les porte-paroles.
    Dites-leur que vous vous sentez préoccupé(e)s, que vous ne tolérerez pas davantage d’affaiblissement de nos lois sur le contrôle des armes. Les coordonnées de votre député(e) sont disponibles ici.

2. Contactez votre député(e) provincial(e) et le bureau de votre Premier ministre provincial
        Encouragez-les à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher un plus grand affaiblissement du contrôle des armes et à se battre pour protéger les données du registre des armes à feu.Pour contacter votre Premier ministre et votre député(e) provincial(e), vous trouverez les informations par province ci-dessous:

3. Suivez les derniers développements dans ce dossier en suivant la Coalition pour le contrôle des armes sur Twitter: @cgcmontreal.

4. Écrivez au rédacteur ou à la rédactrice en chef de votre journal
        Participez ainsi à combattre la désinformation dans les médias et à diffuser les faits réels.

5. Encouragez d’autres personnes à s’impliquer et à sensibiliser les gens sur les risques de mauvaise utilisation des armes à feu.

6. Faites un don à la Coalition.
        La Coalition vit grâce à l’appui généreux de nos membres et partenaires. Aidez-nous à poursuivre nos actions pour promouvoir une législation sensée sur les armes à feu au Canada en faisant un don dès aujourd’hui.

 

  • Le mécanisme de « Formation »

    Encouragé, la prise de contact avec les législtateurs est aussi facilité grâce à la mise à disposition d'un modèle de lettre que le membre est invité à envoyé à Steve Blaney, Ministre de la Sécurité Publique. Cet outil vise à former chaque membre sur la communication à adopter avec les législateurs.

MODÈLE DE LETTRE

DATE

L’honorable Steven Blaney, C.P., député
Ministre de la Sécurité publique
Chambre des Communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A6

 

OBJET : Maintien du registre des armes à feu et transfert des données au gouvernement du Québec

 

Monsieur le ministre,

 

Je suis citoyen québécois et inquiet de vos actions relatives à la Loi sur les armes à feu, ainsi qu’au registre des armes à feu. Ce registre concerne la sécurité et la sûreté de tous les Québécois et Québécoises, en régulant de façon préventive la possession d’armes à travers le pays. Il concerne aujourd’hui principalement la province du Québec, qui a à cœur d’obtenir le transfert des données liées à ce registre, afin de créer son propre registre.

Le registre et les données que nous défendons aujourd’hui sont nés à la suite du drame de Polytechnique, survenu il y a près de 24 ans. Depuis lors, grâce à cette collecte de données, les homicides conjugaux par arme d’épaule ont fortement diminué, les enquêtes policières avancent plus vite, et ce en faveur de la sécurité et de la santé de vos concitoyens.

Le maintien du registre et le transfert des données font consensus au Québec. 80% de la population est en faveur de la tenue de ce registre, et l’Assemblée nationale a adopté plusieurs motions à l’unanimité en ce sens.

Sachez, monsieur le ministre, qu’avec l’adoption du règlement qui interdit au Contrôleur des armes d’exiger que les marchands d’armes à conserver un registre détaillé de leurs ventes, avec l’abolition de l’obligation d’enregistrer l’achat, la vente ou le transfert d’une arme (registre des armes à feu),  l’affaiblissement des modalités de vérification du permis de possession d’arme lors de l’achat, et la suppression prochaine de toutes les données du registre fédéral, il ne sera plus possible de retracer ou d’assurer un certain contrôle sur les  1,6 million d’armes au Québec, comme c’est déjà le cas pour 5,6 millions d’armes à feu au Canada, en plus de lutter moins efficacement contre le commerce illicite des armes retreintes.

Nous estimons toutefois que vous avez, monsieur le ministre, la sensibilité nécessaire pour appuyer notre demande de transfert des données du registre des armes à feu au Québec, pour maintenir la sécurité et la sûreté de vos concitoyens.

En espérant que vous répondrez positivement à notre demande, veuillez agréer, monsieur le ministre, nos salutations les plus respectueuses.

 

SIGNATURE ET ADRESSE POSTALE

 

CONCLUSION

    Dès lors, tous ces mécanisme permettent une coordination entre un personnel d’encadrement qui indique le cap et un personnel d’exécution qui fait en sorte que le groupe s’y dirige.